Le championnat de France de Dragster, ça déchire !
Publié le 31 août 2013 par Jean Salesse
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De l'enduro au drag....
» Comme une envie de le dire haut et fort, le championnat de France de Dragster auto/ moto c’est le pieds. Coté deux roues, ce n’est pas un championnat relevé à coté des autres disciplines motos française, mais la rigueur et le niveau général progressent, son gros atout ? C’est que c’est un paddock de potes !
C’est une réponse que je donne régulièrement aux Crossmens et Enduristes que je vois sur les courses nationales ou sur les stages de perfectionnement que je donne…C’est en me baladant dans le paddock de Clastres que l’idée de rédiger cet article m’est venue. Le paddock français est atypique, je vais tenter de vous le prouver.
Tout commence le vendredi soir. Ayant débauché tard le vendredi, j’arrive dans ce paddock la nuit en camion, le père Bruno somnole sur la place passager. Je passe devant le V Max club de France, un énorme « Salut Jeannot retentit », ca fait chaud au coeur à peine débarqué, pour avoir été invité chez eux au Castellet, je peux vous dire que ces gens sont discrets mais sont toujours relax et sympas, le seul point négatif c’est qu’ils roulent sur une V-Max…! Ok je sors, je continue d’avancer, de l’autre coté du paddock, mes potes de Run Cap Sud m’aident à décharger mes affaires, ils ont tout installé, tout est bien organisé, c’est nickel (!), il est l’heure de manger un repas préparé par les filles du club et les fous rires commencent sans interruption.
Après un repas plutôt rapide, je marque mon premier arrêt chez HD Valence, bizarrement, j’observe toute la tribu autour d’un gobelet, curieux… Pascale de RCS est présente et prend part à ce rite tribal, au bout de deux minutes, un « gofio » surgit, je me retrouve calotté et projeté dans mon siège suite à une attaque suicide, elle est donnée par le chef de la tribu : Sergio Pinetto. Houla, j’ai plutôt intérêt à être vif pour éviter de m’en reprendre une ! Reçu comme un roi, je capte vite l’intérêt du jeu et me retrouve à punir Yann Gennissieux, 20cm et 30kg de plus que moi, je lui cogne le front comme le veut la tradition, un sentiment d’insécurité et une crampe intestinale montent très vite en moi. Pour m’intimider, il réussi à casser un bout de table en bois à la force de l’index, il faut que je sorte rapidement d’ici avant de finir en wheellie bars pour Buell. Je parviens au bout d’un certains temps à m’échapper de la tonnelle au moment ou le garde : David, un jeune skateur mécano imberbe, baisse sa vigilance.
Il est temps d’aller au lit, dans ce bon vieux Peugeot Expert, je retrouve Matthieu Contremoulin, recordman de France SSB sur du 1/8e mile, improvisant une sieste dans les hautes herbes et les ronces à coté de ma voiture… Il lui manque une chaussure, son nez est écorché, je le laisse récupérer de sa longue journée de route…Hum. Pendant ce temps, les Charentais : FCR Original, Manu Jallais et Laurent Lacroix débarquent, bon je ne vais pas me coucher maintenant, c’est l’occasion de tailler une bavette sous la tonnelle de l’association Run Cap Sud, la discussion tourne autour du moteur air/huile, ça me convient ! A ce moment la, Cédric Martin muni de son éternel gobelet vide déboule.Je le suit naturellement, car c’est mon pote et c’est l’occasion de continuer mon périple paddock ! Je fonce chez les « ST », papi Gilles Almolda, champion du Monde de France ST me tombe dessus, c’est cool de le retrouver et de tailler une bavette avec lui !
Il me montre ses cicatrices sur les genoux et nous parlons des opérations de croisés, notre point en commun ? Nous avons les genoux défoncés, pour 20ans d’écarts ! Me rejoignent les Dominique Bourron, Franck Bornais, Régis Martin,etc… C’est une bonne soirée ou les discussions tournent autour de sujets variés : moto, intox, moto, intox, moteur, levrette (la bière !), intox et moto. Chez les ST ça chambre grave, faut pas se faire sortir en course !
Un bon pilote de drag moto, c’est avant tout un motard, donc une bonne pincée de mauvaise foi. Car les pilotes de Dragster sont la semaine des patrons, des salariés bref, des gens civilisés, âgés de 40 ans ou plus, ils retrouvent leurs 10 ans le jour des courses, c’est un jeu interminable ou les tickets de temps (les meilleurs du week-end souvent) sont montrés aux potes avec les fameux : » et en plus elle a glissée, les vitesses sont mal passées, la suralimentation est mal rentrée et elle à levée ». Je décide de me coucher, en me disant que le week-end ne fait que commencer, je suis heureux, encore une fois je vais revoir tous mes potes du drag’.
Il pleut en ce samedi matin, après un debriefing rapide de la FFM, je me retrouve en compagnie de Philippe Runget, on discute du passé, du présent et des perspectives d’avenir, je connais R1gette depuis toujours, c’est un personnage emblématique du paddock Français, il à une grande expérience, c’est un très bon pilote avouons-le. Direction le stand, je croise la bande du Mans, ça fait plaisir de revoir Bidet après tout ce temps, ayant été mal poli après mon entrée fracassante, je me fait corriger (avec humour) par Eric Demengel, Rico me connait depuis tout petit, je sais qu’il n’hésitera pas à prendre la place du paternel et à me botter le c.. si je réagis comme un âne associable ! sous la tonnelle des 72, pendant que les hommes mécaniquent, que Fredo Lépine est en débardeur à 7°C, Natou épluche son gala, tandis que les filles du RCS sont au Public magazine. A chacun son truc après tout !
Philippe « Polux » Lemaire et Jean-Michel Jehanne déjeunent en compagnie d’Olivier Hoffman, c’est l’occasion de parler nitrous avec eux ! Jean-Mi est clair : Tu te sors les doigts gamins ou tu vas t’en prendre une ! Ok JMI, je fais de mon possible, il faut dire qu’il est toujours présent pour m’aider si besoin. Nous partons pour les runs d’essais. Quelques soucis mécaniques et les potes m’aident, trois runs qualifs sont effectués, pour ma part, un seul est correct mais non validé suite à la pluie ! A ce moment précis, Lionnel Lalague à le dernier chrono du jour, il effectue un calage avec la 1000 GSXR de son fils, il s’en fout et est content d’être là, il file un coup de main à Romain tandis que son Funny est au garage il est la pour le plaisir tout simplement.
Yannick Richard vient de casser sa boite suite à une adhérence précaire, c’est la seconde sortie de la buse jaune. Eric, fraichement victorieux de la manche Funny Bike en Allemagne, est venu filer un coup de pouce à son fils, c’est dommage pour Yannick car il s’investit à fond, il suivra son père en championnat Anglais l’an prochain. C’est deux passionnés que nous perdons, les motos sont trop performantes pour les pistes Française désormais. La journée est close, il pleut à fond de nouveau, c’est l’occasion de retrouver toute la bande de Bordelais et d’effectuer le jeu de HD Valence sous leur tonnelle. Pierre Guinard et Jean-Luc Simoes ont bien roulés, ce soir ils me font penser à mes potes de Lycées, ils sont (très) joueurs ! Je regrette l’absence de Josy Peixoto, Yann Frétille, Charly Abraham, les frères Jumeaux… En ce week-end de course.
C’est bizarre le Dragster en fait, la discipline est passionnante et variée, comme toute discipline moto, question paddock, c’est quelque chose de nouveau pour moi, pourtant habitué à partir tous les week-end en course en MX, SX ou en Enduro. En Drag, je vois toutes ces personnes que quelques jours dans l’année, je ne les ai jamais au téléphone, je ne sais même pas pour la majorité ce qu’ils font dans la vie. Pourtant, ils font parti du peu de gens dans votre existence qui vous aideront si besoin et c’est toujours un immense plaisir de les retrouver. Loin des Européens, nous progressons tous. A chacun sa moto, son budget, ses motivations, l’essentiel c’est de se retrouver et d’atteindre nos objectifs perso.
Il y a un esprit très sain dans ce championnat, je pense que c’est une force qu’il faut garder le plus longtemps possible, le championnat d’Europe est une petite famille également ou tous les pilotes discutent entre eux comme nous pouvons le faire, tout le monde est abordable. Vu au Castellet, les contacts entre pilotes autos et motos se font de plus en plus, en cherchant à connaitre ces pilotes voitures, je me rend compte qu’ils sont dans le même délire que nous. C’est la même ambiance chez eux aussi, il y’a beaucoup à apprendre de l’ATD, le championnat « auto » géré par Eric Angéloni est une réussite, je respecte énormément ces gens qui se bougent, passent des heures par passion, les idées sont droites et concordent avec la réalité des choses.
Je crois que ceux qui méprisent le paddock Français, sont des frustrés qui ont besoin de reconnaissance pour vivre, par manque d’assurance, ces gens cherchent à nous impressionner avec leurs idées « novatrices », leurs prépas, leurs contacts, etc… Souvent bidons, ils ne se rendent même pas compte qu’ils font complètement fausse route, remplis de fausses bonnes idées, ils deviennent lourds, résultats : ils ne parviennent pas à s’intégrer dans cette famille et ne comprennent pas pourquoi. Je vais donc la faire courte pour certains : On s’en fout royalement nous que tu sois le premier ou le dernier, que tu sois riche ou pauvre, que l’Europe, les USA c’est top et qu’en France nous sommes à la ramasse, il n’y a personne à impressionner ici, le principal c’est d’être cool et d’avoir de la conversation, sans partir dans du n’importe quoi. Viens plutôt t’asseoir avec nous parler de tout et de rien, les anciens du Drag t’apprendront beaucoup, tu seras étonné ! Pour discuter avec tout le monde dans ce paddock auto/moto, je pense qu’il faut y’ arriver pour ne pas parvenir à créer des liens d’amitié !
Bref, la saison Drag 2013 est terminée, je vais continuer mes courses sur ma Suzuki 250 RMZ en tout-terrain, je suis content de cette année passée en votre compagnie, l’ambiance du Drag me manque déjà, l’hiver sera trop long les amis, j’espère tous vous revoir le plus rapidement possible pour continuer à faire vivre notre petit championnat de France, bon courage à vous tous pour votre mécanique hivernale, à bientôt. »
Jean SALESSE
Santé !