Notre ami Vince, au mois de février, nous avait donné dans un récit extraordinaire, ses premières impressions d'essai du 1700 de son pote Papé. Malgré ses 100cv de l'époque, elle lui avait fait grosse impression... J'aime ressortir du fond du forum ce témoignage bien écrit et venant du cœur, il me touche toujours autant!
Si après ca tu signes pas, alors...
Bonne lecture!
Le 1700 selon Vince!
Attention âmes sensibles s’abstenir, ce qu’il va suivre pourrait heurter la sensibilité de certains motards en herbe et surtout certains propriétaires de moto soit disant musclée.
Après un long teaser, comme l’annonce d’une grosse production américaine, Papé nous dévoile la nouvelle V-MAX il y a un mois. Cela fait plus de 9 mois qu’on entend parler de la bête. La gestation fut longue mais le bébé en valait la peine, c’est clair c’est un gros bébé. Non parce qu’on l’a vu en boucle le film de présentation de la Maxou. On s’est même demandé si ce n’était pas un mythe. Remplacer la V-max, c’était une mission impossible à première vue voir suicide pour Yamaha. Ils n’avaient aucun droit à l’erreur. Ca me fait penser à l’annonce de la sortie du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson. Forcément s’attaquer à une œuvre aussi mythique, il fallait un réalisateur de géni et à la clé un film hors norme pour que cela marche
Et bien...
Aux vues des premières images, on se dit qu’il y a de l’idée. Le style V-Max est toujours là. On voit que les gènes de la bête n’ont pas été dilués dans une soupe infâme d’un remake genre série B spéciale vente DVD. Non, il y a de l’ambition dans la ligne de la nouvelle autant que de conservatisme. Tout le monde sera content je pense.
Coté technique, un V4 de 1700 cm3 ça commence à parler. On ne se demande pas si avec ses 200 chevaux à 9000tr/mm ça suffira. On sait qu’avec les 17m/kg de couple ça va froisser le bitume. Le pneu arrière de 200, doit correctement passer la puissance au sol. Avec une longueur de 2m40 environ, il y a de quoi la remarquer quand elle sera garée au milieu d’une bande motos poussives. Bon, il y a juste les 310 kilos qui font penser qu’il va falloir s’en occuper. Enfin après avoir goûter à la Rokette III alias la grosse bourrine et la B-King alias la bourrine II , on n’a plus peur de rien.
Hé hé hé héééééééééééééééé… Moi je ne dirais pas ça… J’ai vu la lumière qui brillait dans l’œil droit de Papé quand il m’a raconté ses premiers kilomètres au guidon de la chose.
Voila le portrait de la Maxou est brossé maintenant passons à l’essai.
Il est 23 heures porte de la Villette. On sort du Dock’s, nos chignoles sont dehors à coté de la Maxou. Ca fait limite l’étoffe des héros tout ça. Tous en tenue de combat avec nos casques à la main. Rentrer du Dock’s en faisant « Le grand tour » s’est toujours une aventure. Papé me tend la clé de la bête. Forcement je me prends pour Chuck Yeager. Vous savez le mec qui sort du bar le Happy Bottom Riding Club leurs Dock’s à eux et qui va monter dans le X1 pour dépasser pour la première fois le mur du son. Ben oui c’est moi ça, enfin je m’y vois bien. Il y a de grosses similitudes quand même. Quatre « pôv malad » prets à en découdre sur leurs missiles sol sol. Mais il n’y a qu’une V-Max pour les 4 et un seul ce soir va dépasser le mur du son et c’est ben moi. Hééééééééééééééééé Baaaaammmm !! Et pi c’est tout…
Comme un pilote de chasse, je fais le tour de l’engin. Tout ça histoire de faire durer le plaisir et de me la taper grave histoire que tout le monde autour comprenne bien que c’est moi qui vais monter dessus. J’enfile le casque et mes gants. Je monte sur l’engin le cœur serré sachant bien que ce soir n’est pas un soir comme les autres. Là, il me faudrait bien un petite musique de fond pour que la scène soit dramatique à souhait.
Contact…
Le moteur se lance, le tableau de bord s’allume. « Kcheuuuu.. roger, roger… Max One… Kcheuuuuuuu… Prêt au départ… Bip Kcheuuuuuuuu… », « Kcheuuuuuu ici tour de contrôle… Kcheuuuuu bip Kcheuuuuuuu… Piste claire… Kcheuuuuu bonne chance…. Bip Kcheuuuuuu ».
Klonk, j’enclenche la première, je vous assure j’entends de la musique moi… Je suis dans le film. L’escadrille d’escorte fait également mouvement. Petite appréhension, là tu espère que la première soit souple et l’embrayage soit progressif. Max one se met en mouvement avec douceur.
« Kcheuuuuuu ici tour de contrôle… Kcheuuuuu bip Kcheuuuuuuu… présentez vous piste une... Bip Kcheuuuuuu », « Kcheuuuuuu ici Max One… Kcheuuuuu bip Kcheuuuuuuu… Roger ok Charly Tango Papa Tout ça tout ça et pareil mais, prêt au décollage... Bip Kcheuuuuuu ».
Là ça rigole plus, je suis face à la piste. La mise en mouvement n’a pas été laborieuse. Le demi-tour a été négocié avec succès. Vue la doc technique de l’engin, tu te demandes si tu ne vas pas démarrer direct en seconde quand même histoire de pas te louper d’entrée de jeu.
L’escadrille prend son envole et part devant, je suis un peu scotché au sol pris dans ma rêverie. « Kcheuuuuuu ici tour de contrôle… Kcheuuuuu bip Kcheuuuuuuu… Go go go... Bip Kcheuuuuuu ». Oups c’est mon tour, je tourne la poignée. Whooooooshhhhhhh, direct la catapulte, pourtant je ne suis pas sur un porte avion, ce n’est pas Top Gun que j’ai choisi, c’est l’étoffe des héros.
« Kcheuuuuuu ici tour de contrôle… Kcheuuuuu bip Kcheuuuuuuu… vous arrivez sur une zone dangereuse... Kcheuuuuuu… pavés en vue Kcheuuuuu ». Bon la je fais gaffe, ce n’est pas super sec, il y a des pavés. Je négocie le rond point avec dextérité. Ca va, la maxou reste maniable même à petite vitesse et à bas régime elle reste souple et contrôlable. Il faut juste se rappeler qu’à droite on a la commande de la postcombustion. Je monte la rampe pour arriver sur le périf. La route est déguelasse mais la Maxou reste impériale. Je vois que j’ai négocié tout avec prudence car l’escorte d’avions de chasse est devant au loin.
« Kcheuuuuuu ici tour de contrôle… Kcheuuuuu bip Kcheuuuuuuu… vous arrivez sur une zone de jeu... Kcheuuuuuu… postcombustion autorisée Kcheuuuuu », « Kcheuuuuuu ici Max One… Kcheuuuuu bip Kcheuuuuuuu… Ouais Roger ou le Papa de Charly qui fait du Tango, j’envoie la purée... Bip Kcheuuuuuu ».
Je me faufile jusqu’à la file de gauche et là je tourne la poignée pas violemment mais assez pour envoyer une bonne rasade de super sans plomb au moteur de Max One qui ne demande que ça. Whoooooooooosshhhhhhh, Whoouuuuaaaaaaaaaaaaaaa !!! La Max One part comme une fusée avec en ligne de mire l’escadrille. Je me retrouve collé au dosseret de selle avec les bras tendus. Je lâche les gaz arrivé sur eux. Je suis mort de rire tellement ça pousse fort. Pourtant je n’ai pas été méchant avec la poignée.
Je ne sais même pas sur quel rapport je suis. Je matte la console sur le réservoir. Elle m’annonce 4eme. C’est quoi ce délire. Ce n’est pas possible. J’ai du rêver, en 4eme ça décolle pas comme ça quand même??? Je rentre un rapport. Je me retrouve en troisième à basse vitesse. Des engins non identifiés remontent sur moi à ma droite, c’est que j’ai du perdre pas mal de vitesse pendant cette phase de réflexion.
« Kcheuuuuuu ici tour de contrôle… Kcheuuuuu bip Kcheuuuuuuu… l’escadrille s’éloigne... Kcheuuuuuu… postcombustion recommandée Kcheuuuuu ».
Whoooooooooosshhhhhhh, Baaaaaannnnnggggggg !!! Je me retrouve de nouveau collé au dosseret de selle avec les bras tendu mais cette fois je suis en apnée. Le champ de vision se rétrécit. Je n’ose même pas regarder le compteur. Je viens de recevoir un putain de coup de pied au cul avec en prime une monter en vitesse non stop. C’est là que Je viens de comprendre pourquoi la moto est si longue. Elle peut ainsi encaisser de telle accélération sans se cabrer sinon pour le coup, je me serai retrouver à l’envers, la moto en cathédrale avec une belle pizza dans le dos.
Le feulement du V4, la sensation de vitesse, les lumières qui défilent dans les tunnels et cette sensation de flotter sur la route me donne une drôle d’impression. La je change de monde. Autant le tableau du départ me faisait penser à l’étoffe des héros maintenant je suis au commande d’un Podracer dans la course sur Tatooine. J’entends Le Speed revenir de temps en temps sur moi et il me suffit de tourner légèrement la poignée pour me retrouver littéralement propulsé en avant et laisser la concurrence derrière.
L’engin répond au doigt et à l œil. Une lueur rouge devant m’annonce la présence d’un concurrent. Une cible apparaît au loin, l’acquisition est faite, proie en vue. Le concurrent semble vouloir garder une certaine distance, c’est peine perdue. Je fonds littéralement sur elle en quelques secondes puis c’est la punition. Je ne le connais pas mais ce n’est pas grave, BAAAAAAANNNNG !!! Je ne peux pas vous dire de quel model c’était, j’ai juste vue une ombre passer à droite et se dissoudre dans le néant. Kes kes kes !! Ho que c’est bon !!
La course fut brève, la sortie se présente déjà. C’est sur, en postcombustion le temps passe vite.
« Kcheuuuuuu ici tour de contrôle… Kcheuuuuu bip Kcheuuuuuuu… Mission terminée... Kcheuuuuuu Mur du son dépassé Kcheuuuuu », « Kcheuuuuuu ici Max One… Kcheuuuuu bip Kcheuuuuuuu… Tu diras à Roger le Papa de Charly qu’on sait envoyer de la purée en dansant le tango… Kcheuuuuu Terminé... Bip Kcheuuuuuu ».
Je retourne sur mon engin, ma petite super duke. Là, j’ai l’impression d’être sur une mobylette teigneuse certes mais une mobylette. Je m’en retourne chez moi tranquillou après ce pur moment de tonnerre mécanique.