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L'histoire vraie du Vmax

Antoine | Publié le mar 14 Fév 2023 - 0:57 | 401 Vues

L'histoire vraie du Vmax

Yamaha, Las Vegas, Ed Burke, Araki, GK Design, JCO, Saint Tropez, Iwata, Tokyo, sont quelques uns des noms qui jalonnent l'histoire du Vmax. Le web a enquêté, compilé, synthétisé, recoupé, afin de vous décrire les origines de notre machine, le plus fidèlement possible.

Yamaha

Yamaha Corporation a été fondée par Torakusu Yamaha (né en 1851) à Hamamatsu, préfecture de Shizuoka, sur l'île principale du Japon, Honshu. Ingénieur horloger de formation, il s'occupe du parc machines d'un hôpital. C'est en réparant l'orgue américain de sa commune que Torakusu Yamaha apprend la technique des instruments à vent et se lance dans la fabrication d'un harmonium en 1887, puis d'un autre, et crée sa société d'instruments de musique qui deviendra la Nippon Gaki en 1897. C'est pourquoi on retrouve le diapason comme logo de la marque qui fabrique alors (et toujours) des pianos et des orgues. Torakusu Yamaha meurt en 1916 à 64 ans. Les dirigeants successifs font prospérer l'entreprise et entament une diversification dans les années 50, notamment dans la production de motocyclettes à partir de 1954. Yamaha Motor Corporation devient une entité séparée en 1955. Ce n'est pas le moindre des paradoxes de penser que ce Torakusu Yamaha n'aura jamais su que sa société fabriquerait un jour des motos et... le Vmax !

GK Design

GK Design est un cabinet de design. Il a été créé en 1953 à Tokyo pour faire du design industriel et a essaimé un peu partout dans le monde, en Europe à Amsterdam, aux USA à Los Angeles et Atlanta, et en Chine à Shangaï.

Ses principaux clients sont Yamaha pour la moto (FJ 1100, TDM 850, MT-01, MT-03, le concept MT-0S de 2005, le Vmax bien sûr et plein d'autres), pour des moto-neiges (le Vmax-4), des quads, mais aussi des marques comme Ricoh, Pioneer, ASICS, des fabricants de trains de chemin de fer...

GK Dynamics au Japon est la filiale la plus active dans le domaine moto, mais GK Design International Inc. aux US ou GK Design Europe BV à Amsterdam travaillent aussi sur des concepts motos.

C'est la filiale américaine (photo ci-dessus), GK Design International Inc. ou GKDI, créée en 1966 à Los Angeles, qui nous intéresse, car c'est là-bas qu'est né le Vmax.

Pour simplifier, on peut dire que ce genre de cabinet s'occupe de tout ce qui est en amont de la production industrielle, c'est à dire étude de marché, recherche, esquisses, conception 2D et 3D, prototypes et préparation de l'industrialisation. Yamaha est un grand constructeur généraliste, qui produit à la chaîne, ce qui limite parfois la créativité pour rester dans les budgets fixés par les études marketing, et le rôle du cabinet de design est de parvenir à un compromis équitable entre les fantasmes des uns et la logique financière des autres.

Donc le Vmax est bien une moto américaine de conception, conçue par des gens qui ont un coeur qui cogne comme un V8.

En savoir + sur GKDI

Ed Burke

Ed Burke est un designer américain, souvent considéré comme le père de cette moto. Il collabora avec le cabinet GKDI dans la conception du Vmax. Il est difficile de dire quel fut son rôle exact, un tel projet étant souvent l'oeuvre d'une équipe. La légende veut qu'il commence à réfléchir au projet en 1981 et qu'on lui attribue en 1983 le fameux collage papier destiné à inspirer les ingénieurs, et qui symbolisait ce que devait être le Vmax d'après les fantasmes américains de l'époque : cow-boy, football américain, superman, dragster, sexe et muscle. La Vmax (on la féminisait à l'époque) devait avoir des pectoraux et être sensuelle en même temps. Elle est directement inspirée des "hot-rods" et dragsters à moteurs V8 américains : de la puissance, de la gueule, et un chassis qui encaisse tant bien que mal. Rappelons que la vitesse est sévèrement limitée aux USA, donc pour s'amuser il n'y a que le "run", accélération entre 2 feux rouges, puis plus tard 2 par 2 sur des lignes droites.

Araki

L'honorable Monsieur Araki (non il ne rit pas toujours) était le chef du projet Vmax. Auparavant, M. Araki avait été très marqué par les "Bridge races", courses d'accélération sur un pont du Mississipi. 2 motos partaient d'un côté et l'arrivée était de l'autre côté, sensiblement 400 mètres plus loin, c'est à dire la distance réglementaire des courses de dragsters (1/4 de mile). Et l'idée avait germé chez lui d'une moto surpuissante et rapide en ligne droite. Il s'enferma pendant 1 mois avec le fameux Ed Burke, alors chef du département R&D de Yamaha USA, et quelques autres, dans les bureaux de GKDI, et sortit différents croquis échelle 1 pour les présenter à la direction de Yamaha au Japon. On imagine au vu des esquisses ci-dessous que plusieurs allers et retours furent effectués entre USA et Japon avant de parvenir au dessin définitif.

Les images des premières esquisses du Vmax

Le moteur

Son moteur a existé avant lui et on peut dire que la moto a été construite autour, tellement il remplit le peu d'espace disponible. Sur la photo ci-contre, on voit une maquette en bois autour d'un vrai moteur. Il est directement inspiré de la culture mécanique américaine à base de gros V8 coupleux montés dans des hot rods : la Vmax aura un gros V4 et accélèrera plus fort que n'importe quelle autre moto. A partir de ce choix pour un V4, il se trouve que celui de la paisible Yamaha Venture, apparue en octobre 83 pouvait servir de base. Mais il ne développait que 90 chevaux, conçu pour être exploité à bas et mi-régime.

En France, par rapport à une Venture-Royale, le moteur est renforcé au niveau des bielles, pistons et roulements moteur. Le diamètre des soupapes est augmenté (30,5 mm au lieu de 29 à l'admission, 25 mm au lieu de 24 à l'échappement) et leurs tiges affinées. Les carbus passent à 35 au lieu de 34. La boite aussi est renforcée, avec des rapports différents.

Mais c'est aux USA que le moteur a forgé le mythe du Vmax. Là-bas la puissance est libre et pour faire du Vmax la moto la plus puissante du marché, ses concepteurs avaient d'abord pensé le doter d'un turbo-compresseur. Mais il n'y avait pas assez de place, alors ils ont imaginé le système V-boost. Résultat : 145 chevaux et 10"32 aux 400 mètres.

Extérieurement, le moteur reçoit ses "peintures de guerre" si caractéristiques, avec ses barettes en métal nu, et le diapason sur les carters.

Las Vegas

Capitale mondiale du jeu, Las Vegas fut en octobre 1984 le théâtre de la convention des concessionnaires américains à qui le Vmax fut révélé pour la première fois dans sa version définitive. Pour une telle moto, le cadre exhubérant de Las Vegas et tous ses fantasmes s'imposait.

Jean-Claude Olivier

JCO pour les familiers de la marque, vu ici en février 2006 dans son bureau avec Jean-Pierre et le web, c'est le patron de Yamaha Motor France, qui joua un rôle essentiel dans l'arrivée du Vmax en France, et en fit un succès commercial qui dépassa celui des USA.

La société Sonauto créée en 1947 importait des Porsche en France. Le patron de Sonauto, Auguste Veuillet, gagne en 1955 les 24H de Paris sur une Porsche spider, associé à un certain Gonzague Olivier, père de Jean-Claude. C'est tout naturellement que ce dernier entra comme stagiaire chez Sonauto, à une époque où la société décide d'importer les motos Yamaha. JCO sillonne la France en 1965 avec un fourgon J7 et 4 motos qu'il présente aux concessionnaires potentiels. La première année il vend 117 motos. Yamaha Motor France a été créée en 1992, par une joint-venture entre Sonauto et Yamaha Motor Company. Elle emploie aujourd'hui près de 200 personnes sur 60000 m2 à Saint Ouen l'Aumône, et est le premier importateur moto en France, toujours sous la conduite de JCO qui a fêté le cinquantenaire de la marque et les 40 ans de l'arrivée des Yamaha en France en 2005.

Non content de diriger l'entreprise, JCO sait assurer lui même la promotion de ses produits qu'il enfourche régulièrement. On le vit sauter sur un tremplin improvisé dans les allées du salon de Paris... Faire du wheeling en Vmax... Mais il fut surtout un très bon pilote, terminant 2ème du Paris Dakar 1985 sur une XT600, laissant la victoire à une moto d'une autre marque qui aurait changé son cadre durant la course...

JCO se rend régulièrement au Japon chez Yamaha et y découvre le projet Vmax début 1983. Immédiatement séduit, il n'aura de cesse de réclamer cette moto et l'obtiendra enfin 1 an après les américains pour qui elle avait été conçue.

JCO possède personnellement un des plus beaux Vmax de France, préparé par Cannes Moto Service et qui fut exposé au Mondial du 2 roues 2003 (photo), alors que la commercialisation du Vmax avait été arrêtée au début de l'année.

Saint Tropez

Non, Brigitte Bardot n'a pas chevauché de Vmax (elle ne craignait personne en HD...), mais plus simplement une petite 125 AT-1 en 1971, premier coup médiatique de JCO. Mais lorsque JCO décide de lancer le Vmax en France, il en fait rentrer 10 exemplaires en janvier 85 et en prête un à un ami pour qu'il circule avec à Saint Tropez à Pâques. L'intérêt est immédiat chez les pipoles et leurs amis et en juillet 85, les 10 motos circulent dans la région et font la promotion de la nouveauté.

Iwata, Japon

C'est là que se trouvent les quartiers généraux de Yamaha Motor Co. dans la préfecture de Shizuoka, avec la R&D et les principales chaînes de production, largement robotisées. C'est là qu'est produit le Vmax mais on ne sait pas grand chose sur l'agencement de la production. A-t-il été produit en continu ? Par rafales successives et alternatives avec d'autres modèles ? Remplissant des bateaux qui alimentaient ensuite des stocks d'importateurs chargés d'écouler des quotas ?

Tokyo

Salon de Tokyo, octobre 2005 - Notre envoyé spécial découvre un prototype de nouveau Vmax dont on sait encore aujourd'hui bien peu de choses. Toujours un V4, 1800 cc, 2 litres ? Puissance inconnue. Architecture générale proche avec les écopes et le réservoir sous la selle, 4 pots probablement catalysés, tout çà certainement bourré d'électronique. La carrosserie n'est qu'une simple ébauche, il n'y a ni feux ni instrumentation, simplement esquissés. C'est un proto destiné à tester les réactions.

L'engin réapparaît en décembre 2006 au Long Beach Motorcycle Show, sous le logo Star, la marque haut de gamme Yamaha aux USA.

 

Mondial du 2 roues, Paris, octobre 2007

La réponse définitive, pour une commercialisation au printemps 2008, soit deux ans et demi après le premier proto du salon de Tokyo ? Le timing semble le bon, à suivre !

Un Vmax 750 ?

Peu après la sortie du Vmax, Yamaha USA en réclama une version plus petite en 750 cm3. Mais le projet de faire un V4 750 fut rapidement abandonné. Les designers américains s'orientèrent alors vers un nouveau modèle original sur la base du moteur de la FZ750 de l'époque. Ce fut la FZX 750 Fazer en 1986, avec un moteur 4 cylindres incliné à 45°. Dotée d'une culasse à 20 soupapes elle avait aussi des écopes chromées sur les côtés et fut appelée la petite Vmax. C'était un joli roadster mais finalement très éloigné du concept Vmax avec son 4 cylindres face à la route et sa transmission par chaîne. Au club, on a quelques épouses qui roulent sur cette machine et c'est vrai que sa maniabilité et sa légèreté conviennent bien à celles qui auraient (à tort) peur du Vmax. Monsieur en Vmax, Madame en FZX et c'est la paix des ménages, d'autant qu'une FZX peut suivre un Vmax.

On vous a trouvé un joli site sur cette moto, d'ailleurs fait par une femme, et avec un forum, FZXFOREVER : http://membres.lycos.fr/auroremiramont

Vmax-4

Si vous vous baladez sur Google, vous avez pu tomber sur cette appellation. C'est un moto-neige que Yamaha a sorti en 92. Il s'agissait de la première moto-neige mue par un moteur 4 cylindres 2 temps de 700 cm3. Cet engin s'est taillé de jolis succès en compétition. Pour ceux que çà intéresse, le moteur est à l'avant et la transmission s'effectue semble-t-il par un variateur à courroie vers la chenille motrice à l'arrière. Ce truc est quand même capable de 170 km/h...

Historique des évolutions

Le Vmax n'a pratiquement pas changé depuis sa création et c'est une des raisons de son succès. Il ne s'est jamais démodé au fil des ans comme les autres motos, et le propriétaire d'un modèle 85 n'a rien à envier à celui d'un modèle 2000, ce serait plutôt l'inverse avec les normes anti-bruit et anti-pollution ! Et même après sa fin de commercialisation en France en 2003, le Vmax est resté recherché par tous ceux qui n'avaient pas pu s'en acheter un auparavant ! En cherchant bien, on en trouve encore des neufs en 2007, mis de côté... et dans de nombreux pays où il est toujours en vente.

Ci-dessous un bref résumé des quelques modifications pour vous aider à positionner un modèle dans le temps.

1983 Première maquette en bois autour d'un moteur réel et des premières roues à bâtons. 1984 Présentation en octobre à la convention des concessionnaires américains à Las Vegas. 1985 Commercialisation aux USA en version 145 CV, équipée du système V-boost et de roues à bâtons et arrivée en France en janvier des 10 premières sans V-boost. 1986 Sortie en France en Mai (à 55000 Francs) et en Europe à 100 CV sans V-boost. C'est le type 2EN. Roues coulées, à bâtons à l'avant. Colori bordeaux, écopes et caches latéraux en aluminium brossé avec sigle Vmax embouti. 1987 Sigle Vmax embouti sur les caches latéraux. Écopes et caches noirs. 1988 Couleur rouge. Écopes noires, et caches latéraux rouges en haut et noirs. Sigle Vmax en relief sur les caches latéraux. 1989 Colori noir avec écopes et caches latéraux couleur alu brossé. Une version Ltd est dotée de roues semi lenticulaires aluminium. Contacteur de béquille latérale. 1990 La version Ltd devient la version de série avec les roues, écopes et caches latéraux entièrement aluminium. Allumage électronique. La partie centrale des disques de frein n'est plus noire mais couleur acier. C'est sûrement la version la plus pure, avec les grosses sorties d'échappement entièrement chromées. 1991 Adaptation aux normes anti-bruit (81 db au lieu de 83 db) par des sorties d'échappements plus petites. La puissance descend légèrement à 95 CV mais le couple à bas régime est amélioré par de nouveaux arbres à cames plus pointus qui augmentent la levée des soupapes. Pont long. 2 coloris au choix, "Black Metallic" et "Red Sparkle" pour 91 et 92. 1993 C'est la plus grosse modif : nouvelle fourche avec tubes dia 43 mm au lieu de 40. Les disques de freins AV ventilés sont remplacés par des disques flottants ajourés de diamètre 298 mm avec des étriers 4 pistons. Alternateur avec plus de débit. Coloris "Dark Violet Cocktail 1". 1996 La Vmax broie du noir, c'est la série "black" : roues, échappements, partie inférieure des écopes et caches latéraux, fourreaux de fourche deviennent noirs. Filtre à huile de type cartouche. 1997
1998 2 versions au choix, la "Siver Dust" gris métal et la "Black 2" qui retrouvent le chrome sur les pots (coupelles noires au bout) et l'alu brossé sur les roues et fourreaux de fourche, les écopes et les caches latéraux, ces 2 derniers restant partiellement noirs sur leurs parties inférieures. Les alus sont de qualité hélas inférieure, sensibles à la corrosion. Support de casque à clé à gauche au-dessus du pot. 1999 Look "carbone" sur les 3 parties peintes : faux réservoir et garde-boues. Les ressorts d'amortisseurs et les étriers de freins sont peints en noir. Les clignotants arrière sont reculés au moyen d'un support disgracieux pour satisfaire la réglementation. C'est "YB Black". 2001 C'est la "New Silver Dust", toujours couleur carbone. Des petits protecteurs de tubes de fourche font leur apparition. 2003 Fin de commercialisation en France : elle n'est plus homologuée en neuf ! 2004 Toujours au catalogue aux USA et disponible dans certains autres pays (Suisse, Hollande, pays du Golfe...) 2005

Édition spéciale 20è anniversaire : rouge flammé, roues noires, pots chromés et logo spécial incrusté dans le faux réservoir.

Présentation d'un nouveau prototype au salon de Tokyo.

2006-2007 Toujours au catalogue aux USA ! 2007 Présentation du prototype inchangé au Mondial du 2 roues à Paris 2008 Yamaha répond enfin à la concurrence et dévoile simultanément son nouveau Vmax en Espagne sur une piste de dragster et aux USA sur un porte-avions ! Commercialisation de 1500 ex en Europe et 2500 ex aux USA, uniquement sur Internet à partir du 1er juillet. Premières livraisons en novembre. C'est reparti pour 15 ans !

VMAX : histoire d’une émotion unique... Par Jean-Claude Olivier, PDG Yamaha Motor France

Les catalogues Vmax

Les ventes en France
(source Yamaha Motor France)

1986 : 568 unités | 1987 : 832 unités | 1988 : 755 unités | 1989 : 908 unités | 1990 : 1398 unités | 1991 : 1731 unités | 1992 : 1458 unités | 1993 : 1311 unités | 1994 : 538 unités | 1995 : 494 unités | 1996 : 497 unités | 1997 : 670 unités | 1998 : 475 unités | 1999 : 438 unités | 2000 : 277 unités | 2001 : 199 unités |2002 : 186 unités |2003 : 201 unités | TOTAL 12936

Sources : GK Design, Yamaha Motor France, Yamaha Design Café, le très beau Freeway hors-série de 1994, RMT, Wikipedia, Yamaha 50th Anniversary ou la passion du futur...

 

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